Le Suffrage universel et le problème de la souveraineté du peuple, par Paul Brousse

P. Brousse - Le Suffrage universel ou le problème de la souveraineté du peuple

ISBN 978-2-918156-04-8, 11 x 17 cm, 98 p., 9 euros

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Le Suffrage universel et le problème de la souveraineté du peuple, publié par Paul Brousse en 1874, propose une critique radicale de la démocratie représentative en dénonçant la réduction de la souveraineté populaire au droit de vote accordé à tous. On prétend, nous dit-il, que puisque le peuple a le droit de voter, il est souverain. Certes, il ne gouverne pas lui-même, mais il désigne par les urnes ceux qui le représenteront et accompliront sa volonté. Mais qu’est-ce que « la volonté du peuple », demande Paul Brousse ? Que recouvre ce mot sur lequel se hissent les gouvernements ? Un peuple est toujours constitué de volontés individuelles, et celle que dégage le suffrage n’est jamais, au mieux, que la volonté d’une majorité ponctuelle. Aussi la représentation électorale du peuple, fondement de nos démocraties, est-elle une illusion. Mais cette illusion, poursuit-il, est en outre un piège pour le peuple. Car si le principe du suffrage contraint certes la minorité dirigeante à composer avec les électeurs, il forme aussi pour elle un garde-fou efficace qui la prévient des révolutions. C’est d’ailleurs pour cela que Paul Brousse condamne a priori tout effort de se constituer en parti d’opposition. L’opposition parlementaire, même sincère, nourrit inéluctablement le parti au pouvoir. Elle l’avertit des risques de soulèvements et offre au mécontentement populaire un exutoire inoffensif. Si l’on souhaite réellement que le peuple se gouverne, alors laissons-le agir. Laissons les individus s’organiser seuls, en associations, en corps de métiers, et ne leur imposons pas une démocratie creuse où leur souveraineté se résume simplement à déposer un bulletin de vote. Cette remise en cause de la représentation populaire par les urnes, on le voit, est plus que jamais d’actualité. Car depuis plus d’un siècle et demi que le suffrage universel a été instauré en France, il ne semble pas que le peuple soit tellement représenté.

Né à Montpellier en 1844, Paul Brousse entreprend des études de médecine, vite arrêtées par son engagement politique. Proche des radicaux, il se soulève avec la Commune de Paris en 1871 et subit la répression versaillaise contre les socialistes. Membre de l’Association internationale des travailleurs, il décide de quitter la France pour l’Espagne puis rejoint en 1873 la Fédération jurassienne, foyer du mouvement anti-autoritaire au sein de l’Association. Il s’y implique alors de manière très active, collaborant au Bulletin de la Fédération, participant aux congrès et œuvrant à la propagande à travers meetings et écrits.

Cherchant à réorganiser une Fédération française de l’Internationale, Paul Brousse fonde en juin 1877 le journal L’Avant-garde. Mais quelques mois plus tard le journal est interdit suite à un article de Paul Brousse faisant l’apologie du régicide. L’auteur est arrêté, condamné à deux mois de prison et à dix ans de bannissement de la Suisse. Il se rend alors à Bruxelles puis à Londres, où il collabore avec Pierre Kropotkine au lancement du journal Le Révolté, en 1879.

Mais ses positions politiques évoluent et Paul Brousse s’éloigne de l’anarchisme au profit du socialisme réformiste. Rentré en France en 1880, il achève ses études de médecine et rejoint la Fédération des travailleurs socialistes de France où, rapidement, il s’oppose à Jules Guesde. Le parti se déchire en 1882 : les guesdistes s’en vont et fonde le Parti ouvrier tandis que Paul Brousse et ses partisans conservent la Fédération des travailleurs socialistes de France où ils développent un nouveau courant : le possibilisme. Ils considèrent en effet qu’il est possible d’instaurer le socialisme par des réformes ponctuelles, au niveau national mais aussi, surtout, municipal. Paul Brousse assumera en ce sens plusieurs mandats d’élu.

En novembre 1911, il prend la direction de l’asile d’aliénés de Ville-Evrard, mais il meurt quelques mois plus tard, en avril 1912.

 

Ce qu’en dit la presse

Chronique Hebdo, sur Radio Libertaire (19 avril 2012)

Une émission consacrée à la question de l’abstentionnisme, où il est question du Suffrage universel de Paul Brousse. Le site de l’émission, c’est ici.